"17€ le menu avec la demi-saucisse... quand c'est ouvert": les restos routiers, c'était mieux avant?

Les restaurants routiers, privilégiés des chauffeurs de poids-lourd, ferment les uns après les autres. Dans les années 60, on comptait 3.500 établissements du genre, qui proposent des repas copieux à un prix abordable, un espace sécurisé pour les camions et des douches pour les routiers. Aujourd'hui, on n'en recense plus que 300 environ.
La faute à la multiplication des autoroutes et l'inflation notamment mais aussi l'ambiance: "C'est 17 euros le menu avec la demi-saucisse", déplore Jonathan, routier en Vendée. "Entendre les histoires d'un routier qu'a fait 900 km dans la journée, on s'en fout, au bout d'un moment on est bien à manger seul dans son camion. Il n'y a plus d'ambiance, plus d'entraide", déplore le chauffeur poids-lourds.
"Les horaires ne conviennent pas, le matin on part à 5h du matin, le 12h on n'a pas le temps de manger parce qu'on doit livrer. Ils ne veulent pas servir de menu le soir, ils ne veulent plus travailler", poursuit Jonathan.
Pour lui, le point de bascule s'est fait pendant la pandémie de Covid-19: "C'était fermé donc on s'est mis à avoir des micro-ondes et on s'est installé des douches portables", explique-t-il.

"Ça a fait du mal aux restos routiers", concède Thierry, 62 ans. "La route a changé aussi, les chauffeurs vont au bout des heures, ils ne peuvent pas faire autrement, ils n'ont plus le temps. Avant, on avait le temps de s'arrêter de manger le midi, de faire la sieste".
Pierre, lui, ne s'arrête que deux fois par mois dans un restaurant routier: "Dans ma boîte, on est au forfait, on a une dizaine d'euros par jour pour manger. Et si on ne les dépense pas on les récupère et c'est grâce à ça qu'on arrive à survivre donc on mange des pasta box".

Mais il reste des irréductibles: c'est le cas de Nounours, 51 ans, chauffeur poids-lourd et souvent présent dans la vallée du Rhône: "Sur les grands axes j'arrive à en trouver et j'y vais tous les soirs. Deux de mes garçons veulent faire ce métier et je leur conseille d'aller dans les restaus-routiers. Les frais de route c'est fait pour la route", insiste-t-il.
Pour poursuivre la route, Nounours conseille aux restos routiers de se moderniser pour accueillir une clientèle extérieure notamment.
RMC